Sixième partie : Bersillies au XXème Siècle.
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Bersillies au XXème Siècle.

Au début du XXème siècle, le village apparaît encore sous son aspect rural caractéristique que reflète ce document photographique remarquable pour l'époque (vers 1890).

La procession

La procession conduite par le trio des enfants de choeur et les autorités communales en tête, suivis de la fanfare en grande pompe, des statues du culte portées par les hommes, des communiantes en aube blanche de circonstance, de quelques bannières précédant le curé sous un dais et, finalement de la population du village, remonte la rue de l'église. Tout au fond, sur la place une femme rentre chez elle, une baguette sous le bras

Le petit nombre de badauds encadrant la procession nous suggère qu'à cette époque tous les habitants faisaient pratiquement partie du cortège.


La rue est de terre battue, les gouttières nous montrent que les égouts n'ont pas encore été creusés. L'histoire nous apprend en effet que ces travaux ne seront effectués que beaucoup plus tard, vers les années 1950.


Deux fois par an, les processions parcouraient le village au départ de l'église et le trajet fixait quelques points d'arrêt aux différentes chapelles: la chapelle du Rosaire à la rue du même nom, la chapelle Ste Anne à la rue du parc, ou encore à celle de la rue de Colleret et de la rue de l'Esquevée. Toutes ces chapelles sont encore entretenues par les villageois.

La chapelle Ste Anne de la rue du parc a été très récemment rénovée par une équipe dynamique de jeunes du village.( voir à ce propos le Le blog des jeunes : *Blog des jeunes de Bersillies*.

A certains endroits du village, un reposoir était dressé afin d'y recevoir le St Sacrement et permettre aux habitants du lieu de recevoir la bénédiction du prêtre.

Sur cette très ancienne photographie, la procession s'est arrêtée au début de la Rue Reine Elisabeth. Le prêtre sous le dais s'avance vers le reposoir pour y déposer l'ostensoir.

Reposoir

Au moment des rogations, à la St Marc, le 25 avril, à la sortie de l'hiver, on implorait la clémence du ciel en espérant une moisson abondante. En automne, les prières s'orientaient davantage vers les remerciements pour les bienfaits de l'année écoulée et les voeux d'un hiver pas trop rude. sainte Rita Sainte Rita, patronne des causes désespérées, fêtée le 22 mai, a vécu en italie de 1381 à 1457. Après avoir assisté à l'assassinat de son mari et à la mort de ses deux fils lors de l'épidémie de la peste à cette époque, elle entra, non sans difficultés vu son âge, au couvent des Augustines de Cascia où elle s'occupa principalement des tâches les moins agréables de la communauté. On peut très facilement la reconnaître car elle a porté pendant toute sa vie une blessure inguérissable au front. Son habit attirait les abeilles et les mouches.

Sainte Rita a toujours bénéficié d'une attention particulière au village. Elle est portée ici en procession par, de gauche à droite, Lina GOSSET-RONDOT, Léontine HERMANT-RONDOT, Germaine RENAUX et Madame André COURTIN.

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L'école Sainte Aldegonde.

Ecole Ste Aldegonde, Cousolre

Ce cliché pourrait n'être qu'une banale photo de classe prise à la fin de l'année scolaire 1898 devant l'école Sainte Aldegonde de Cousolre. En fait, il reflète le bonheur et peut-être aussi la fierté de ces quatre religieuses, Sœurs de la Sainte Union, qui, un an après l'ouverture de l'école, immortalisent le groupe d'enfants qui la fréquentait en 1898. Malheureusement pour elles, surviennent bientôt en France les lois de séparation de l'Église et de l'état, suivies par les décrets de spoliation qui, malgré un vote favorable de la municipalité le 5 janvier 1902 (13 voix pour et 8 contre) et une pétition de 323 signatures en septembre, forcèrent les religieuses à passer précipitamment la frontière le 23 juillet 1903, à 5 heures du matin, pour venir se réfugier à Bersillies-l'Abbaye. A cette époque, l'abbé Lemoine était curé à Cousolre et l'abbé Gaston Cambier à Bersillies depuis 1899.
La loi de séparation de l'Église et de l'Etat ne fut cependant promulguée qu'au mois de novembre 1905. Le Couvent des soeurs
Elles s'installeront dans une grande maison aménagée en couvent à la rue des Bergeries, où elles pourront poursuivre l'enseignement des années primaires.
En 1912, les religieuses se sécularisent et l'école reprendra ses activités à Cousolre le 22 avril sous la direction de Melle Bricotte.
Vers 1923, ces religieuses, rappelées par leur Maison Mère, quitteront définitivement Cousolre. Ci-contre, la maison que les sœurs ont occupée à la rue des bergeries.

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Les Écoles et les Instituteurs de Bersillies.

Les renseignements les plus anciens concernant l’école du village nous proviennent du Besogné de Bersillies-l'Abbaye dans un paragraphe intitulé :

“ Escolle ”
“ Auquel villaige de Bercillies-l’Abbaye est une escolle faite et bastie de pierre et couverte de paille, où que le clercq vat enseigner la jeunesse du village. ”

Il semblerait que cette école mixte se soit située à proximité de l’église. Le plan Popp nous la situe au carrefour du "Chemin de la Thure et du Terne" de l'époque. Actuellement, on peut la situer au carrefour de la rue de Cousolre et de la rue du Terne. L’enseignement y était pratiquement gratuit et cette habitude fut au moins partiellement conservée jusqu’à la fin du XIXe siècle ainsi que nous l’apprend la lecture des registres communaux. Chaque année en effet, sur les indications du comité de bienfaisance, le Conseil communal se prononçait sur le nombre de garçons et de filles qui pouvaient être admis gratuitement à l’école et y recevoir un enseignement primaire. Ces nombres importants à une certaine époque soulignent bien le degré de pauvreté de nombreuses familles dans le village.

Les enfants"pauvres"


AnnéeTotalFillesGarçons
1853-54    743143
1861-62    663531
1871-72    783642
1872-73    823943
1873-74    612833
1876-77    1688
1876-77    1688
1877-78    13310
1878-79    936
1881-82    651
1886-87    281513
1888-90    19118
1890-91    1899
1891-92    1798
1897-98    201010

Pour l’année 1850-1851, 70 enfants, 41 garçons et 29 filles, ont été acceptés gratuitement à l’école. Ils font partie des enfants dits "pauvres", recensés par le Conseil communal et leur instruction est prise totalement en charge par la commune au prix de 1 franc par élève et par mois, versé à l’instituteur dont le traitement est alors de l’ordre de 300 F par mois.

Monsieur Hubert Rouillé, instituteur en fonction depuis plusieurs années reçoit enfin sa nomination le 7 mai 1843. Il sera nommé directeur de l'école 7 années plus tard, le 12 août 1850 et présentera sa démission le 3 juillet 1861 après 18 ans d'enseignement à Bersillies.
Son remplaçant, Monsieur Zéphirin Planq qui exerçait la fonction de "clerc laïque" de la paroisse, introduisit auprès du Conseil communal la demande d'autorisation de cumul des deux fonctions. La réponse du Conseil communal fut la suivante :
"Considérant que le revenu d'un instituteur d'école peut à peine suffire pour lui procurer une existence honnête, le Conseil Communal est d'avis de lui accorder l'autorisation de ce cumul."Elle est éloquente et montre qu'à cette époque la fonction d'instituteur émargeait davantage d'une vocation plutôt que d'une profession.
École de la rue du moulin Un peu plus tard, le 24 avril 1864, l'entrepreneur Gustave LABRIQUE, cautionné par les établissements Labrique-Coppin de Binche, remporte l'adjudication de la création d'une école avec logement de l'instituteur. Celle-ci sera construite à la rue du Moulin (actuellement les nos 21 et 23) mais subira rapidement quelques aménagements. En effet, lors d'une inspection scolaire, un rapport suggère à la commune d'aménager des cours de récréations séparées, pour les filles et les garçons. Le 27 avril 1867, le conseil communal fait remarquer :

"L'école est située non loin des habitations, les enfants retournent chez eux aussitôt la sortie des classes et n'y retournent que lorsqu'ils entendent la clochette de l'établissement. Pour cette raison, les cours ne seraient d'aucun usage.
Le chemin en face de l'école (la rue du moulin actuelle) n'est presque jamais fréquenté par les voituriers. Les cours de récréation ne sont pas nécessaires."

On ne peut que rester rêveur devant la poésie bucolique qui se dégage de l'argumentation de nos édiles communaux. S'il est vrai que la rue du moulin, un chemin de terre emprunté par le bétail que l'on menait à la rivière, ne devait en effet pas être très fréquenté au milieu du 19e siècle, on peut douter que la clochette de l'école puisse être entendue de tout le village. A la lecture des rapports communaux par contre, il semble qu'un esprit de contradiction soit déjà très développé à cette époque. En effet, six mois plus tard, le 10 septembre 1867, il sera décidé de construire des cours de récréations et des latrines séparées pour les filles et les garçons, "en remplacement des latrines en ruines". La séparation des sexes fait son chemin et semble déboucher sur un projet d'éducation spécifique des filles. Le 18 août 1875, le Conseil communal décide non seulement de séparer par une cloison la classe des filles de celle des garçons mais aussi de créer un nouveau poste d'institutrice "qui donnerait une instruction plus convenable et plus appropriée aux petites filles" ; le traitement d'une institutrice ne peut être inférieur à 1200 F. alors que celui des instituteurs serait de 1.500 F.; la commune ne peut intervenir dans cette dépense que pour un total de 1800 F.. Le Conseil communal sollicite les autorités supérieures d'accorder un subside annuel permanent..

A l'âge de 19 ans, Mademoiselle Louise Marie Constance Sonnet, de Leugnies, prendra en charge cet enseignement jusqu'au 22 février 1880. Madame Van Nieuwenhoven lui succédera. Au programme de cet enseignement figure officiellement suivant le rapport du Conseil communal du 2 août 1877 une prestation d'au moins quatre heures par semaine de travaux à l'aiguille et un cours de notions d'hygiène et d'économie domestique. <le 3 ème prix Le 3 août 1876, le traitement de l'institutrice se compose d'un fixe de 600 F par an, augmenté de 600 F pour l'enseignement aux enfants pauvres et de 100 F pour les élèves dont les parents peuvent assumer un minerval, soit un total de 1.300 F par an. Après 16 années d'enseignement, Monsieur Zéphirin Planq démissionne et Monsieur Adolphe Quivin assumera la fonction d'instituteur jusqu'au 29 septembre 1882. Il sera alors remplacé par Monsieur Émile Cambron, titulaire du poste d'instituteur primaire. Ci-joint : la couverture du livre "Moeurs et Caractères des Peuples" de Richard Cortambert, édité en 1884. La couverture cartonnée rappelle qu'il fut offert à Vital Prévost (né le 23 mars 1870), 3ème prix et élève de Cambron Emile, instituteur à Bersillies. Rappelons qu'à cette époque à la fin du XIX et au début du XXème siècle, les prix d'excellence en primaire et en secondaire dans l'enseignement officiel et souvent aussi dans l'enseignement libre, recevaient un livre qui leur était personnellement dédicacé!

A la suite d'une inspection scolaire en juin 1880, l'inspecteur formule une demande expresse de création d'une école gardienne mixte, indépendante et séparée des classes de l'enseignement traditionnel des années primaires. Le Conseil communal qui a examiné cette requête avec attention écrit textuellement dans son rapport du 10 octobre 1880 :

"Le Conseil communal estime que les écoles existantes sont plus que suffisantes pour un village de 700 habitants et que la création d'une école gardienne mixte n'amènerait aucune amélioration dans l'instruction des enfants en dessous de six ans puisque ceux-ci ne sont placés à l'école par leurs parents que pour la tranquillité de ceux-ci et non pour l'instruction de leurs enfants!"
... dont acte

. Ce texte et celui qui suit, recopiés intégralement à partir des registres d'archives communales a au moins le bénéfice du franc-parler ! Mais l'inspecteur n'en désarme pas pour autant puisqu'on trouve un mois plus tard, le 14 novembre 1880, dans ce même registre le rapport suivant :

"Le Conseil communal rejette le projet de création d'un cours d'adultes, filles et garçons, pour le motif suivant: la population de notre commune est composée en généralité d'ouvriers marbriers qui travaillent à Cousolre et qui doivent faire trente à quarante minutes de chemin pour revenir de leur travail et que pour parfaire leur journée, ils sont obligés de travailler jusqu'à huit heures du soir, et que, par la suite, il leur est tout à fait impossible de fréquenter ces dits cours..."

Quatre années plus tard, on découvre dans le rapport du Conseil communal du 10 février 1884 le texte suivant :

"Nouveau rejet de création d'un cours pour adultes. Motif : La population de notre commune est composée en généralité d'ouvriers marbriers qui travaillent à la journée, de 6 heures du matin à 8 heures du soir, et qui ont un trajet de 40 à 50 minutes pour parvenir à leur travail. De cette manière, il est 8 heures quarante à 9 heures du soir quand ils sont de retour chez eux, fatigués, après une journée bien remplie ..."

Il faut souligner enfin que l'inspecteur aussi avait de la suite dans ses idées puisque huit jours après ce rapport on peut constater dans le compte rendu de la réunion du 18 février 1884 que le Conseil communal a créé la première école gardienne à Bersillies-l'Abbaye et qu'elle est placée sous la responsabilité de la "sous-institutrice" Mademoiselle Marie Lefèvre de Solre-sur-Sambre. Elle reçut sa nomination définitive un mois plus tard, soit le 11 mars 1884 et son salaire fut fixé à 1.000 f par an. Personne ne nous dira comment et d'où est venue cette prompte décision et son exécution immédiate.

La politique est vraiment une matière imprévisible et certainement beaucoup plus un art subtil qu'une science exacte

En cliquant sur cette étoile s'ouvre un album de photographies des classes s'étendant sur une très large période, de 1890 à 1956.

1 juin 1884 : démission de l’instituteur M. Emile Cambron après seulement 2 années d’enseignement et nomination de son remplaçant, originaire de Lobbes, M. Léopold Navez. Le personnel enseignant se compose de 3 personnes : Léopold Navez (1906 F), Melle Marie Van Nieuwenhoven (1400 F) et Melle Marie Lefèbvre, sous institutrice (1.000 F) Le 18 avril 1886 : 49 enfants de 3 à 6 ans fréquentent la classe gardienne de Melle Marie Lefèvre qui épousera plus tard Ernest Henaut.

Monsieur Léopold NAVEZ Madame Hunin

31 octobre 1909 : nomination en remplacement de Madame Henaut-Lefèbvre institutrice gardienne atteignant l’âge de la pension, de Madame Lydie Michaux-Meurant. Elle démissionnera de ce poste d’institutrice gardienne le 1/10/1919 pour devenir institutrice primaire communale et chef d’école en remplacement de Madame Flore Hunin Michot.Celle-ci était institutrice primaire quand elle épousa en 1904 Monsieur Alfred Hunin, secrétaire communal et maréchal-ferrant, et accéda également au grade d'institutrice en chef, enseignant dans les 6 années primaires.
La grippe espagnole de la fin de l'année 1918 la força à abandonner ce poste en 1919.
Madame Lydie Michaux Meurant démissionnera le 1er mai 1937 après une carrière de 28 ans d'enseignement à l'école de Bersillies-l'Abbaye.26 février 1920 : Démission de Léopold Navez, instituteur primaire communal et chef d’école après 36 ans d’enseignement primaire. Il est remplacé par M. Alfred Matis entrant en fonction à 22 ans le 1/03/1920 en tant qu’instituteur primaire. Il sera instituteur en chef le 8/02/1938.

Madame Marie Louise MERCIER-CARLIER Monsieur Alfred MATIS

23 mai 1937 : nomination de Madame Marie Louise Mercier-Carlier au grade d’institutrice primaire. 8 février 1938 : nomination de M. Willy Adnet, instituteur primaire mixte. 22 septembre 1944 : Madame Marie Louise Mercier-Carlier est écartée provisoirement de ses fonctions d’institutrice et remplacée par Melle Andrée Lorge, institutrice primaire, diplômée le 31/07/1944, intérimaire. 24 avril 1954 : nomination de Melle Alberte Blavier et le 15 mai 1954 : démission de Madame Gabrielle Lorge-Monfils, institutrice.

Madame Gabrielle LORGE-MONFILS Monsieur Willy ADNET

2 septembre 1963 : démission de Madame Marie Louise Mercier-Carlier, institutrice primaire et chef d’école après 26 années d’enseignement primaire et nomination de Melle Jacqueline Bayet, institutrice primaire communale et chef d’école. 31 octobre 1966 : démission de Madame Alberte Decamp-Blavier, après 12 années de service et l’année suivante, le 8 novembre 1967, M. Willy Adnet termine sa carrière d’enseignant après 29 ans d’enseignement primaire. 11 décembre 1967 : nomination de Monsieur Claude Hermant instituteur et Chef d’école, qui le restera à Bersillies-l’Abbaye jusqu’au 30 septembre 1977, année de la fusion des communes. Il terminera en effet sa carrière d’instituteur à Erquelinnes. Où il exerça également les fonctions d’échevin de l’enseignement lors de la fusion des communes en 1977.

Abbé Cambier et 3 institutrices

Cette photographie a été prise vraisemblablement lors du départ en retraite de Madame Flore HUNIN-MICHOT que l'on voit ici devant l'abbé Gaston Cambier et entourée à sa droite de Madame Lydie Michaux-Meurant et à sa gauche de Madame Gabrielle Lorge-Monfils.

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Les Ducasses à Bersillies.

Comme partout en Belgique, les Ducasses sont en Wallonie ce que sont les Kermesses en pays flamand. Réjouissances très teintées d'aphorismes légendaires ou religieux, ces ducasses qui avaient traditionnellement lieu le jour anniversaire de la dédicace (consécration de l'église du village) se sont petit à petit laïcisées. Celles de Bersillies ont toujours été très renommées, attirant beaucoup de monde venant parfois de très loin, mais elles avaient aussi une connotation frontalière très accusée. Traditionnellement les Bourgmestres et Maires des villages avoisinants étaient conviés aux nombreuses festivités du village, et plus particulièrement les Maires de Bousignies-sur-roc et de Cousolre. Nombreux sont aussi les couples franco-belges dont on a fêté le jubilé de leurs noces d'or à cette occasion et qui faisait dire au Bourgmestre de Bersillies toute la joie qu'il avait de fêter " l'alliance du cœur belge et de l'esprit français ".

note: La dédicace existait déjà du temps des grecs, des romains et des juifs qui célébraient ainsi l'anniversaire de la création de leur temple. Cette coutume fut reprise par l'église catholique et faisait l'objet de réjouissances villageoises, particulièrement vives en Artois, en Flandre et en Hainaut.

A Bersillies-l'Abbaye, la ducasse commence le premier vendredi du mois d'août, se poursuit jusqu'au mardi suivant et se termine par un bal populaire le 15 août. Elle ne se limite pas aux attractions foraines sur la Place de l'Abbaye, mais se prolonge dans plusieurs sites privilégiés du village que sont le Beaulieu, la douane, les cafés qui furent nombreux après la 2ème guerre mondiale, la ferme Galez où, dans la jeunesse de Raoul et Irma, derniers fermiers de la ferme, se faisait "table-ouverte", bières et tartes à volonté. Bref, pendant cinq jours le village se pare d'un habit de fête, les jardins sont fleuris, les tilleuls de la place sont en pleine floraison et distillent leur parfum, les filles sont belles à ravir et la musique bat son plein.

Raoul Galez


étiquette Charles 1er


Si à Biercée les griottes et l'eau de Villée sont à l'honneur, à Bersillies la bière est généreuse, pas n'importe quelle cervoise, la "Charles 1er" brassée pour l'occasion depuis quelques années déjà. Elle porte le nom d'un échevin, Charles GRAUX, président du comité des fêtes depuis la fusion des communes en 1977.

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Les Jubilaires et la vie associative de Bersillies-l'Abbaye.

Il se passe rarement une ducasse sans que l'on fête des jubilaires de 50 ans de mariage (noces d'or) ou de 60 ans de mariage (noces de diamant). Ces dernières années, ont ainsi été fêtés :

Raoul FAVERSIENNE et Martine WIART
Moïse LEMPEREUR et Yvonne AMAND
Georges RONDOT et Lucienne RONDOT (1973)
René LEMPEREUR et Denise PEROT (1974)
René BOISTELLE et Marthe HANOTEAU (1975)
Maurice HERMANT et Léontine RONDOT (noces d'or en 1975)
Georges MONFILS et Bertha BIOT (noces d'or en 1975)
Raoul GALEZ et Irma MATHIEU (noces d'or en 1976)
Jules PIÉRRARD et Marguerite AMAND (1977)
Marcel DE GRAAF et Lucienne NICAISE (1977)
Arthur CHABOT et Paula THOMAS, Cantonnier (noces d'or en 1979)
Paul HENNECART et Régine MAIRIAUX (1980)
Robert HANNEQUART et Alberte BERTAUX (noces d'or en 1985)
Lucien LAVENDHOMME et Gisèle RICHE (1985)
Alfred GUÉRIN et Paula MAESEN (1985)
Georges MONFILS et Bertha BIOT (noces de diamant en 1985)
et combien d'autres encore que la mémoire de Bersillies conservera longtemps.

Ces festivités, toutes empreintes d'une simplicité admirable, donne l'occasion au Bourgmestre, président du Comité des fêtes ou de la jeunesse, d'exprimer la reconnaissance du village à ceux qui lui sont restés fidèles et qui souvent se sont engagés dans la vie associative de Bersillies.

Nombreuses en effet, ont été les organisations associatives qui se sont créées et qui donnaient à chacun l'occasion de se rencontrer, de s'exprimer, de se divertir, de participer à la vie du village, de lui donner somme toute sa personnalité, son atmosphère colorée que tout le monde ressent, mais que personne ne peut vraiment expliquer. Il y eut une époque, naguère, où les quelque six cents habitants du village animaient plus d'une Alfred Willamme et Denis Puissant trentaine d'activités aussi différentes qu'un cours de Yoga, une partie de jeu de crosse, une cagnotte au jeu de cartes, un club photo, une balade en vélo ou une partie de bricolage.

Sans prétendre être exhaustif en la matière on peut encore citer dans le désordre : les colombophiles, les cyclotouristes, le jeu de balle, la fanfare, le jeu de quilles, le ping-pong, le club de la jeunesse, les anciens combattants, le cercle trois-fois-vingt, la pêche à la truite, les amis du cheval, vie féminine, l'atelier bersillien et pour couronner le tout, le Comité des fêtes.

Aux siècles passés, les occasions de s'amuser étaient rares, les conditions de travail pénibles et les guerres incessantes. Il semble que ce soit surtout à la fin du XIXème siècle que débutèrent ces activités que favorisaient une période relativement longue sans guerre, une meilleure organisation du travail dans un environnement plus industrialisé que permettaient le développement des carrières, des marbreries tant à Bersillies qu'à Cousolre et Bousignies, et la découverte d'un certain temps de loisir.

La bannière de la Fanfare

A tout seigneur, tout honneur, c'est à la Fanfare Royale l'Union de Bersillies-l'Abbaye que reviendra l'honneur de porter à toutes les occasions de fête son étendard rouge grenat qui porte fièrement la date de sa création : 1866

Il faut dire qu'une fanfare, quand elle a la chance d'être créée au sein d'un village, fait intimement partie de celui-ci et est amenée à accompagner par tous les temps les moments heureux et malheureux qu'il traverse. Elle est un peu par vocation le porte-parole de ses états d'âme et, à Bersillies-l'Abbaye, elle est souvent sollicitée. Son président d'honneur fut pendant plus de 40 ans Raoul Galez, qu'André Mairiaux, dernier Bourgmestre de la commune de Bersillies accompagna en ces termes à sa dernière demeure

" Raoul, vous avez toujours été un homme d'accueil et de contact, votre bienveillance, votre sens humain, en un mot votre gentillesse n'a d'égal que votre fidélité et votre générosité en amitié. "

Deux clichés de la Fanfare Royale "l'Union de Bersillies"
pris fin du XIXème siècle à quelques années d'intervalle.

Après bientôt un siècle et demi d'existence, elle a su trouver au village ou dans les environs des chefs de musique compétents qui lui donnent sa notoriété. Car une fanfare, c'est aussi un extraordinaire moyen de communication avec les villages environnants qui nous fournissent, à l'occasion des ducasses ou des fêtes de Ste Cécile, la possibilité d'échanges fraternels.


En 1921, on la retrouve ici posant sur les marches du parvis de l'église avec au premier rang Julien Mathieu (4e), Emile Hermant (5e), au milieu Jules Goblet, René Leblanc, Émile Wallemme, Camille Goblet, et dans le fond Norbert Lauvaux, Théodule Lemaire, Thulia Lemaire, Marcel Touzet, Roger Lemaire, Fernand Demanet, Raymond Boistelle, Pierre Maesen et bien d'autres visages que nous n'avons pu identifier jusqu'à présent.

La Fanfare Royale "l'Union de Bersillies" en 1947


*de gauche à droite, devant:
Raymond Gillard, Henri Tissot, Albert Guérin, Maurice Hallot, Raoul Galez, René Guérin, Camille Gobled, Marc Brogniez, Raymond Boistelle, Arthur Galez.
*Au second rang:
Paul Vaudrion, Ernest Gobled, Arthur Guérin, Georges Touzet, (l'étendard), Hector Hocquet, Alfred Guérin, Marcel Tissot, Alfred Guérin (fils de Félicien), Alfred Renkin.

Le Jeu de Bouloir.

Bien avant que les salles de Bowling ne se multiplient en Belgique sous l'influence de la technique importée des Etats-Unis, le Jeu de Bouloire était déjà implanté dans le village. Il se joue à cinq quilles distribuées sur un alignement frontal, au centre la " dame " , un valet de chaque côté et une " servante " à chaque extrémité. Le lancer de la boule en bois de 15 à 20 centimètres de diamètre se fait sur à une distance de 18 mètres en jeu couvert, de 16 mètres à l'extérieur. Le jeu, qui se joue normalement en deux équipes, est agrémenté d'une rampe pour y faire rouler plus facilement vers le joueur la boule jouée, relancée par un " replanteur " qui, entre les coups, s'abrite sous une guérite. Quatre cafés du village, répartis à la ronde, se partageaient les joueurs : un, à la rue des Bergeries à l'emplacement de l'ancien couvent des religieuses, un autre à la rue du Moulin dans la maison de bois d'Aimé Coppée, encore un sur la place de l'Abbaye, chez Wattiaux, à l'emplacement de la Banque et un quatrième en face du pont sur la Thure, chez Bulthé, dont la façade était anciennement très colorée.

Le Jeu des 9 Quilles.

Le Jeu des neuf quilles fit son apparition à Bersillies-l'Abbaye au XIXème siècle.
Il faut croire que l'activité de la société fit rapidement de fort nombreux adeptes puisque ses archives nous révèlent qu'à l'assemblée générale de l'année de sa fondation, le 3 octobre 1897, les recettes se montaient à 552 francs et que l'année se terminait avec un boni de 125 francs 50 centimes alors que le total des prix distribués atteignait 350 francs!
On peut évaluer l'impact de ce jeu par l'importance du nombre de convocations (1000) et d'affiches (50) commandées en 1899. L'activité du garde champêtre était également rémunérée pour l'année et fixée à 33,45 francs, représentant 5% des recettes réalisées. Il faut en conclure que les recettes annuelles de ce jeu étaient de plus de 600 francs de l'époque, ce qui peut paraître étonnant, sauf si l'on sait que le règlement prévoyait aussi une amende pour absence aux réunions!

Le Jeu des 9 Quilles

Quelques années plus tard, on ne payait plus les porteurs de convocations (1 centime par convocation) mais les comptes prévoyaient une étrenne d'un franc pour le facteur. L'activité de la société ne se limitait pas à l'organisation des " définitions " et des " tirages " répartis dans les différents cabarets du village (27 dans le rapport de 1897), mais aussi à l'invitation au souper des commissaires et parfois au banquet de la société. Les comptes de la société, très précis, étaient tenus par son secrétaire Monsieur Jules Gobled. Le jeu fut naturellement suspendu pendant toute la durée de la guerre 14-18, mais reprit de plus belle dès l'année 1921. En 1926, alors que le concours communal réunissait 48 joueurs, eut lieu un concours international regroupant 148 joueurs!
Pour l'occasion, 50 affiches furent confectionnées, distribuées aux alentours et notamment à Cousolre et Bousignies. Un président d'honneur fut nommé pour la première fois : Monsieur Hector Mairiaux.

Quand les joueurs font la "sieste",
les quilles se reposent

En 1939, la petite définition a lieu normalement, mais l'organisation de la grande définition est interrompue pour cause de déclaration de guerre. La reprise des activités s'effectue dès la fin de la guerre en 1946, mais ne démarre réellement qu'en 1952. Six ans plus tard, la société envoie une délégation à l'exposition universelle de Bruxelles. En 1972 la société organise un concours qu'il intitule " Grand Prix Jules Gobled " du nom de son président d'honneur toujours actif malgré ses 90 printemps. Finalement, le 28 juin 1988, Sa Majesté le Roi Baudouin accorde à la Société du Jeu des neuf Quilles le titre de " Société Royale ".

La 
			distribution des prix en 1967

La distribution des prix en 1967
accompagnée d'un détachement de la Fanfare.

*De gauche à droite et de haut en bas:
*3e rang : Marc RICHE / Alfred GUÉRIN / Jean Marie MAIRIAUX / Henri TISSOT / Roland WILLAME / Raymond GILLARD / Marc BROGNIEZ / Albert GUÉRIN


. *2e rang : Raoul GALEZ / Gaston BERTAUX / Cyris LEMPEREUR / Jacquy HARPIGNIES / Denis LEMPEREUR / Claude HERMANT.
*1er rang : Raymond HALLOT / Roland LEMPEREUR / Jules GOBLED / Georges RONDOT / Robert HANNECART / Pierre HUART / Maurice APLENCOURT / André GOBLED.
**Assis devant : Christian HALLOT (enfant) / Jules HARPIGNIES / Roland COPPÉE / Léon GALEZ / Denis PUISSANT.

L'équipe des crosseurs

Ils ne sont pas nombreux les villages qui ont su conserver l'usage du Jeu de Crosse, ce très vieux jeu de plein air qui se pratique soit " en plaine " pendant l'hiver, de la St Eloi au lundi de Pâques, quand les vaches sont à l'étable et que les joueurs peuvent circuler assez librement à travers les pâtures, soit " au but " ou " à la planche " à partir du mois d'avril quand les prairies retrouvent leur vocation agricole. Promeneurs, ne soyez pas étonnés de trouver parfois le long d'un taillis une " choulette " égarée, car ce jeu se pratique avec une crosse, bien évidemment, et une balle oblongue en bois de hêtre, légère mais assez dure. L'histoire nous apprend que dans la région de Maubeuge, il existait, avant la guerre de 40 plus de 18 sociétés en compétition.

L'équipe des crosseurs

Sur ce cliché, on reconnaîtra au premier rang, assis,
Karl COPPÉE, Claude HERMANT, Denis PUISSANT, Roland WILLAME,Robert HANNEQUART, Léon GALEZ
et debout,
Henri TISSOT, Frans CROQUET, Guy ADNET, Gilbert CROQUET, Omer GÉRARD, Raymond GILLARD, Jacques GALEZ, Roland COPPÉE, Raymond HALLOT, André CROQUET, et Philippe SIMON.


Sur la peite photographie-couleur, quelques années ont passés mais l'équipe est toujours au poste: devant, sont accroupis un fils Willame(Christian?), Léon GALEZ, Karl COPPÉE, Denis PUISSANT, Roland WILLAME,
debout à l'arrière :
Omer GÉRARD, Raymond HALLOT, Jacques GALEZ, Guy ADNET, Robert HANNEQUART, Raymond GILLARD, Roland COPPÉE et Claude HERMANT.

Le Jeu de balle pelote est très ancien dans nos régions wallonnes. Il dérive du jeu de paume qui se jouait déjà à l'époque romaine. Au XIIème siècle, il était couramment pratiqué dans les cloîtres des monastères et se généralisa ensuite dans les villages et les châteaux au XIVème siècle. Il n'y a donc rien d'étonnant à ce que nous le retrouvions dans les activités ludiques de Bersillies-l'Abbaye.

La première équipe du jeu de balle fut formée dans le village vers les années 1933 à l'initiative de Victorien Perot. Ce jeu, toujours très actif à Bersillies, prend part également à l'organisation annuelle d'un Concours de pêche à la Truite dans l'étang du Chenon. Cet étang, qui devrait normalement porter le nom du ruisseau qui l'alimente, le Presson, venant de Branleux, fut construit en 1877 par Emile Hermant afin de fournir, par l'intermédiaire d'un moulin, l'énergie nécessaire à l'exploitation d'une scierie à bois, située en retrait en aval du ruisseau, dans la rue de l'Esquevée.


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Le Cercle de Petit Elevage et d'Horticulture.

Le 15 mai 1928, à l'initiative de M. l'abbé Gaston Cambier, curé de Bersillies-l'Abbaye, Raoul Faversienne, Georges Monfils et Auguste Legrand fondaient le Cercle de Petit Elevage et d'Horticulture et en formaient le comité. En septembre 1928, ce cercle comptait 65 membres et, en 1929, ce nombre était porté à 110. Dès octobre 1928, la question horticole fut sérieusement envisagée et en janvier 1929, le cercle était affilié à la Fédération Horticole de l'Arrondissement de Thuin regroupant de nombreux cercles analogues créés dans toutes les communes environnantes. L'idée de basa fut de susciter une émulation visant à fleurir tous les villages à l'occasion des fêtes commémorant le centennaire de l'indépendance de la Belgique en 1930. Dès lors grâce à l'activité du comité, le développement du jeune cercle fut rapide, dans ce petit village de 750 habitants. Une exposition fut décidée pour août 1929 et tous y travaillèrent de tout cœur. Cette démonstration fut un réel succès; tous, délégués, juges et membres en ont gardé un bon souvenir. Sans perdre de temps, les organisateurs inlassables qu'étaient le président Raoul Faversienne, le secrétaire Georges Monfils et le trésorier Emile Neuman entreprirent de mettre sur pied l'œuvre du "Hainaut Fleuri".
Beaucoup de membres ont contribué ainsi à fêter par les fleurs, le Centenaire de l'Indépendance nationale. Le cercle s'est efforcé de donner à ses membres et aux habitants, un enseignement du plus haut intérêt et un moyen d'occuper utilement et agréablement leurs loisirs. (Extrait de " Le Hainaut fleuri " Livre d'or 1930, édition Labor, La Louvière)

Il faut souligner à quel point des initiatives de cette sorte ont contribué à sensibiliser les villageois aux problèmes de l'environnement et à la sauvegarde d'une certaine esthétique.


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L'installation canonique de M. l'abbé Goffaux.

Quand après 36 années d'activité pastorale, Bersillies-l'Abbaye perd, en 1935, son curé Gaston Cambier qui dirigeait sa paroisse avec beaucoup d'amour, de compétence et de dévouement depuis 1899, il se sent un peu orphelin tant la personnalité de ce prêtre transparaît dans la vie du village à cette époque.

Monsieur l'abbé 
			Gaston Cambier

Monsieur le Curé Gaston Cambier
à l'écoute de son poste à galène.

Pauvre parmi les pauvres, on le voyait parfois distribuer des pains qu'il dissimulait dans un sac de jute. Il est l'auteur de quelques fascicules relatant l'histoire des saints de la paroisse, notamment celle de Sainte Brigide de Kildare, vierge, thaumaturge et patronne des fermières. D'origine irlandaise, elle naquit en 439 et, chrétienne, d'une beauté éclatante, elle parvint ensuite à écarter ses prétendants en suppliant Dieu de la rendre borgne et vilaine. Ce vœu fut exaucé et lui permit de devenir un disciple de Saint Patrice. Elle se retira au sein d'un chêne dont le tronc, creusé par les ans, lui servit de refuge. Ce lieu, appelé Kildare, formé de kill et dara, cellules de chêne, lui donna son nom.

On trouve l'origine de ce travail dans une lettre écrite par son cousin Pierre, confronté à la fièvre aphteuse qui sévissait dans sa ferme. En désespoir de cause, il s'adressa à son cousin Gaston Cambier en ces termes :

Mon Cher Cousin,
Dans votre bonne lettre de la semaine dernière, vous nous engagiez à prier sainte Brigide pour qu'elle daigne éloigner la maladie de nos étables. Ce fut là un excellent conseil. Nous avons supplié "votre sainte" d'avoir pitié de nous et elle nous a pris en miséricorde.
La fâcheuse maladie est disparue de notre basse-cour et, maintenant qu'elle nous a fait du bien, j'aimerais bien la connaître : avez-vous son histoire ? Sans doute que oui. Elle doit se trouver dans ce tas de livres que vous possédez; ayez la bonté de nous l'envoyer.
Que si cependant vous n'avez pas la vie de sainte Brigide, composez-nous une histoire de la sainte !

Et la réponse ne se fit pas attendre :

Mon Cher Cousin Pierre,
C'est avec grand plaisir que j'ai appris le complet rétablissement des habitants de votre écurie. Vous voyez que les saints sont encore bons à quelque chose.
Quant à l'histoire de sainte Brigide, je ne la possède pas.. Vous dites que j'ai des loisirs,..c'est une erreur profonde ! Mais enfin, qui veut, peut et je vais me mettre à l'œuvre.
Une fois que vous aurez noué connaissance avec la patronne de l'Irlande, elle deviendra "notre sainte" et nous la prierons. De cette façon, nous pourrons arriver un jour dans la Céleste Patrie où les Anges nous raconteront l'histoire complète de sainte Brigide en nous présentant à elle.
Bersillies-l'Abbaye, le 24 avril 1900.

En juillet 1900 paraissait l'opuscule dont "l'auteur déclare qu'il n'a voulu prévenir en rien le jugement de l'Eglise et qu'il n'attache aux faits relatés dans ce livre qu'une autorité purement historique et humaine". En 1902, on était déjà à la troisième édition.

L'installation de son remplaçant, M. l'abbé Adhémar Goffaux, fut l'occasion d'une manifestation grandiose, émouvante, à la taille de l'émotion de tout un village. La presse wallonne en fit écho sur plusieurs colonnes dans ses journaux et il n'est pas sans intérêt d'en reprendre quelques passages significatifs publiés dans le journal " Le Pays Wallon " du 28 juin 1935.

La cérémonie revêtit un véritable caractère de fête paroissiale. La jolie commune, entourée de son cirque de bois où coule la gracieuse rivière, la Thure, rayonnait sous un soleil éclatant. De toute la terre semblait s'élever un chant d'affection à l'adresse de son nouveau curé… Dès que trois heures sonnèrent, un cortège sortit de la coquette église et s'en vint quérir le nouveau pasteur… La foule l'attendait sur la place de l'église tandis que les enfants habillés comme au grand jour de leur communion solennelle faisaient la haie sur son passage. C'était déjà l'hommage de toute une population à laquelle s'étaient mêlés de nombreux paroissiens de Courcelles (où l'abbé Goffaux était vicaire avant d'être nommé à Bersillies) et des curieux sympathiques venus des paroisses françaises environnantes dont aussi quelques soldats du 1er régiment de ligne français attachés à la ligne fortifiée voisine."

Le discours d'accueil fut prononcé par M. Legrand, président de la fabrique d'église et fut suivi par un compliment lu par Arlette Matis (fille de l'instituteur en chef et qui devint plus tard l'épouse du dernier Bourgmestre de Bersillies, Monsieur André Mairiaux) au nom de ses compagnes.

La vieille fanfare, l'Union de Bersillies-l'Abbaye lança ensuite en échos les accents d'une marche vibrante… L'église toute pimpante dans sa couleur fraîche est trop petite pour accueillir tout le monde…On a cependant ajouté beaucoup de chaises, mais elles sont insuffisantes… Beaucoup doivent rester debout… D'autres ont envahi le jubé.

intérieur de l'église

Vue intérieure de l'église remise à neuf
pour la circonstance


Assistaient à cette cérémonie de très nombreues autotités tant religieuses que laïques : Son Excellence, l'évêque de Tournai, les abbés Brasseur, doyen de Solre-sur-Sambre, Van Haudenarde, doyen de Lens, Bercy, doyen de Courcelles, Rivière, curé de La Buissière, Lavendhomme, curé de Montignies St Christophe, Goffe, curé de Grand Reng, Onkelet, curé d'Erquelinnes, Delhaize, curé de Fontaine l'Evèque, les curés français de Cousolre et de Bousignies, les abbés Heureux et Arnould, préfets de l'Institut de La Louvière et du Séminaire de Bonne Espérance.


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Le Tramway à Bersillies.

petit train logo

Si l'année 1885 vit la naissance de la Société Nationale des Chemins de fer Vicinaux en Belgique, il a fallu attendre 1907 pour que soit autorisée la création d'une ligne vicinale reliant la ville de Binche à Solre-sur-Sambre. Dès le projet initial, on envisagea une bifurcation vers Beaumont et une autre vers Bersillies-l'Abbaye avec, in fine, l'intention de prolonger la ligne hors de nos frontières jusqu'à Cousolre. La ville marbrière de Cousolre espérait beaucoup pouvoir achemniner les énormes blocs de marbre dont la grande majorité provenait de carrières belges. Mais le projet était vraiment trop beau et n'avait bien entendu pas tenu compte des événements qui allaient suivre. Le bourgmestre Pierre Mahieu reçut les plans le 26 décembre 1908.

Acte 1908

Le tracé comportait beaucoup de travaux préparatoires qui allaient modifier considérablement l'accès au village. Il s'agissait de tracer sur une assez longue distance une voie ferrée relativement droite le long d'une rivière qui, assez souvent en crue, et c'est le moins que l'on puisse dire, prenait vraiment tout son temps pour atteindre la commune voisine de Solre-sur-Sambre. Il faut se souvenir aussi que la route de la Thure n'allait pas encore vers Cousolre. On peut donc comprendre qu'il fallut aux travaux publics quelques années avant la réalisation de ce projet.

Vicinal au terminus à Bersillies

Le terminus du vicinal au poste frontière à Bersillies-l'Abbaye.

C'est l'année 1914 qui vit, le premier mars, l'ouverture des trajets Solre-sur-Sambre/Bersillies-l'Abbaye et Montignies Saint Christophe. Quelques mois plus tard les armées prussiennes déferlaient sur la Belgique et ces antennes furent aussi rapidement démontées par les Allemands.

Il fallut donc attendre l'année 1921 pour remettre en service ces antennes dont les prolongements vers Beaumont et vers Cousolre resteront définitivement à l'état de projets. Le 1er août 1936, la ligne de Bersillies reçoit le numéro 36A tandis que celle de Montignies se voit attribuer l'indice 36B.
Quatre ans plus tard, la déclaration de la guerre 40-45 entraîne la suppression complète de la ligne de Montignies-Saint-Christophe, tandis que celle de Bersillies-l'Abbaye, démontée partiellement, est inutilisable. Il faut dire aussi que dès le début des hostilités, le pont enjambant la Sambre à Merbes-le-château, s'il ne sauta pas, fut quand même dynamité, raccourcissant d'autant le trajet au départ de Binche.
S'il semble que le trafic vers Bersillies-l'Abbaye ait pu reprendre pendant quelques années après la guerre, le service voyageurs n'en fut pas moins supprimé le 1er août 1953 et le trafic marchandises, convoyant essentiellement le bois et les produits des carrières, fut définitivement arrêté le 30 août de l'année suivante.
Il a fallu attendre encore une dizaine d'années pour voir quasiment disparaître toutes traces de cette infrastructure et de ce beau rêve, coupant une fois de plus, les communications entre Bersillies et sa mère patrie !
Heureusement, des bus vicinaux prirent le relais et assurèrent le transport des personnes aller-retour Binche-Bersillies-l'Abbaye.


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L'évolution au cours du XXe siècle.

Au début du XXe siècle, on comptait dans le village une douzaine de petits commerces installés principalement le long de la frontière française, quelques artisans : maréchal ferrant, plombier-zingueur, boulanger, couvreur, une cinquantaine d'agriculteurs employant plus d'une dizaine d'ouvriers journaliers ou marbriers possédant quelques bêtes et travaillant à la journée comme saisonniers dans les fermes.

Vue aérienne de la carrière Dhordain à Bersillies

Vue aérienne de la carrière Dhordain à Bersillies.
Cliché venant du site informel de l'entité d'Erquelinnes :
http://le-village.ifrance.com/Erquelinnes/

Il y avait aussi une centaines d'ouvriers qualifiés métallurgistes ou marbriers travaillant soit dans les marbreries de Cousolre et de Bousignies-sur-roc (Hennekinne), soit chez eux en tant que polisseur, polisseuse ou mastiqueuse au service d'un patron marbrier, ou encore dans les carrières avoisinantes, française (Dhordain) ou belge (Wéry).
L'industrie dominante de la région au début du siècle était en effet l'industrie marbrière qui avait acquis une assez grande renommée en France et en Belgique. Nombreuses sont les familles de Bersillies qui comptent un ou plusieurs marbriers ou marbrières parmi leurs proches ancêtres. On peut encore observer dans quelques maisons des cheminées et des pendules de marbre, des tables ou des piédestaux de marbre marqueté, véritables œuvres d'art artisanales façonnées par eux.
Dans sa " Monographie de l'industrie marbrière dans l'arrondissement d'Avesne " , Alfred Jennepin signale la présence à Cousolre, de 1815 à 1830, de trois scieries et de quatorze ateliers du marbre, employant environ trois cents ouvriers dont la moitié vient de la frontière belge le matin, et retourne le soir ! C'est dire l'importance de cette activité dans le développement de Bersillies l'Abbaye.
En 1878, les marbreries de Cousolre comptent 32 ateliers pour la confection de cheminées, 20 pour les pendules, vases, coupes, colonnes, 10 scieries et 10 carrières occupant plus de 1300 ouvriers ! A ce rythme, on peut comprendre que quelques bons ouvriers ont atteint une perfection technique et une finition qui confinent à l'art. A l'occasion de l'Exposition Universelle de Paris en 1900, une marbrerie de Cousolre reçoit la médaille d'or pour les quatre dauphins du Pont Alexandre III, faisant chacun six mètres de hauteur.
Certaines marbreries, comme celle de Félicien Henaut à Cousolre, distribuait des pièces de cuivre frappées à leur effigie, qui pouvaient se monnayer dans leurs magasins locaux.

Recto: Félicien Henaut, 1891, Marbrerie de Cousolre Verso : F.  H.  Cartaux  *  Paris
Au recto de la pièce on peut lire Félicien Henaut, 1891, Marbrerie à Cousolre Au verso de la pièce on trouve les initiales F H Cartaux * Paris Malheureusement, cette activité, considérée comme un art ou une industrie de luxe, commença à péricliter rapidement après la guerre 14 -18. Les artisans marbriers durent alors abandonner leur métier et s'engager dans la métallurgie française en plein essor. De même, un certain nombre de ces ouvriers s'orientèrent vers les carrières qui, créées en 1932 (belge) et en 1933 (française) voyaient, en cette période de développement routier, leur production s'accroître considérablement.

Machine trieuse de gravier

Ce sont notamment les carrières Dhordain qui fournirent les matériaux de construction des routes en Flandre, et plus particulièrement celles de la région de Menin-Ypres qu'on appelle le Westhoek. Aujourd'hui, le gisement français étant épuisé, la carrière Dhordain exploite le prolongement du filon de grès sur le territoire de Bersillies-l'Abbaye.

Machine trieuse de gravier dans les carrières Dhordain.


Le travail à la carrière était très pénible, surtout dans les débuts de l'exploitation qui nécessitait un défrichement avant l'extraction de la roche proprement dite.

Ouvriers aux carrières


Ouvriers aux carrières


Ouvriers aux carrières


De gauche à droite, trois ouvriers devant à côté du travail accompli: ce sont, en l'occurrence Jules Marchandisede BERSILLIES, Joseph dit Gustave, Lison et Mr Scliffet
Ces quelques clichés donnent un aspect des lieux de la carrière Debain dite "belge" et illustrent non seulement l'âpreté du travail d'extraction de la roche mais aussi la satisfaction du travail bien fait. Dans cette carrière on produisait de remarquables pavés, des petits gris, bien taillés et bien alignés sur ce cliché. A titre d'information, en janvier 1945, la feuille de paye d'un manœuvre de 23 ans travaillant à la carrière avant d'entrer au service militaire nous rappelle le montant de son traitement brut : 11 francs de l'heure ou 86 francs par jour. En 1946, il était de 123 francs et pouvait atteindre 142 francs en 1947!

Avec l'évolution florissante de l'industrie du marbre, le développement industriel des usines avoisinantes comme celle de Schneider à Jeumont, l'ouverture de la route vers Cousolre, l'aménagement du tracé et du lit de la Thure qui permit non seulement le parachèvement de la route de Solre-sur Sambre par la vallée mais aussi la construction et la mise en service du tramway vicinal, le niveau de vie du village s'élève considérablement et on voit se multiplier les cafés et les petits commerces dans tout le village. De la douzaine de petits négoces au début du siècle, on passe allègrement à plus d'une centaine à la veille de la guerre 14-18.
voir les détail : les commerces au 1/08/1914.

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L'effroyable tragédie du 20 mai 1936.

Au moment où les peintres René Magritte et Paul Delvaux accrochent leurs toiles aux cimaises des Beaux-arts de Bruxelles, et que le pays se prépare à la grève générale qui amena l'installation des premiers congés payés d'une durée annuelle de six jours pour tous les employés et les ouvriers du pays, un drame passionnel survint dans le quartier d'Au delà de l'eau dans un café situé au croisement de la rue des Bergeries et de la rue Colleret. Que s'est-il passé dans la tête de ce douanier français du nom de Paradis quand il pointa son arme et tira sur Mariette Rondot, puis fit de même sur un jeune cultivateur français de Quiévelon, Alidor Mahieu, avant de la retourner sur lui-même, mettant fin à ses jours en même temps qu'à l'action judiciaire.

La tragédie

Toute la journée du lendemain fit l'objet des constatations d'usage par le Parquet de Charleroi descendu sur les lieux du drame. Tout le village, meurtri par cet effroyable fait divers, pansa lentement ses plaies et conserva longtemps un souvenir ému de la mort de cette jeune fille du pays, qu'on disait alerte au travail, aimable envers tous et entourée de la sympathie générale.

Mariette et Alidor

Le grand père de Mariette n'était autre que Pierre Mahieu qui fut un bourgmestre apprécié de Bersillies-l'Abbaye pendant 20 ans à la fin du XIXe siècle. C'est dire combien le geste de mort du douanier a jeté de peine parmi les villageois.

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Les mouvements de jeunesse à Bersillies-l'Abbaye.

Quelques années après la fin de la deuxième guerre mondiale et plus précisément en septembre 1950, Paule Legrand prend l'initiative de créer une section locale de la Jeunesse Rurale Catholique Féminine (J.R.C.F.) à Bersillies-l'Abbaye. La section débuta par le recrutement des plus jeunes, âgées de 10 à 15 ans, qu'on appelait "les cadettes".

Les cadettes

les premières "cadettes" : Au départ elles étaient une douzaine de fillettes qu'on retrouve rassemblées ici sur une des premières photos de la section prise sur la place devant la façade de la maison communale.

Andrée Guérin, Andrée Touzet, Marie-Ange Legrand, Mauricette Touzet, Huguette Spickerman, Mariette Pietquin, Fernande Lebacq, Ginette Burton, Christiane Roulez, Lisiane Guérin, Ghislaine Chabot et Nicole Gobled.

Les cadettes se réunissaient une fois par mois, le dernier dimanche après-midi. Le premier local de cette petite troupe fut la petite maison tenant à celle de Freddy Guérin. Quand Jean-Yves Louppe fonda le mouvement scout à Bersillies, il prit possession de ce local et les cadettes migrèrent alors dans une petite maison de la rue de l'Esquevée, située à gauche de l'atelier de Georges Louppe. Le loyer était de 50 francs par mois. Comme tout mouvement de jeunesse, les cadettes avaient différentes activités: jeux, chants, rallyes cyclistes, etc. L'après-midi de Noël, elles rendaient visite à tous les vieux de plus de 80 ans et leur portaient une petite couque ainsi qu'une crèche en carton; elles leur chantaient aussi un vieux Noël. C'était en quelque sorte leur manière à elles, ô combien sympathique, de s'intégrer dans la vie du village.

Dès l'année suivante, en 1951, Paule Legrand lança la section des plus grandes. Elles formaient un groupe de jeunes filles qui se réunissaient régulièrement et parmi elles, on comptait:

Ariane Vandendaele, Lise Degraaf, Elise Berteau, Claudine Hennecart, Ghislaine Lorge, Eliane Hermant, Renée GuérinHocquet, Annie Burton, Liliane Coppée, Suzanne Lempereur, Liliane Willot.

De nombreuses activités extraordinaires étaient organisées dont les sujets couvraient les principales préoccupations de cette époque. Il y eut ainsi :

Le 31 mai 1952, devant une assistance nombreuse, une potale dédicacée à "Notre-Dame des Champs" fut installée en haut de la rue de Cousolre et bénite par le curé Nypels. Du haut de la colline elle veillait ainsi sur le village. Toutefois en 1999, le terrain fut vendu et une maison y est en construction si bien que la potale a été déplacée et se voit maintenant dans le jardin de Mademoiselle Marie Thérèse Legrand à la rue de Cousolre.

La section locale des J.R.C.F. de Bersillies-l'Abbaye a participé également à des activités régionales et nationales du mouvement, notamment:

En juillet 1955, le groupe participa au grand rassemblement national de la J.R.C.F, au château de Ham-sur-Heure. Lorsque Paule Legrand entreprit les études d'assistante sociale à Mons en 1955, la section de Bersillies fut reprise par Ghislaine Lorge.

Nos remerciements vont à Paule Legrand, l'auteur de ce rapport sur les cadettes qu'elle accompagna pendant quelque cinq années

Les scouts de Bersillies.

Du côté des garçons, vers les années 1947 à 1949, sous l'impulsion de Monsieur l'abbé FRISQUE, curé de Bersillies-l'Abbaye et aumonier du mouvement, se créa une petite troupe de scouts réunissant quelques jeunes garçons dont certains sont originaires de Cousolre. On les voit ici réunis autour de la barrière de la nouvelle douane.

Les scouts de Bersillies

On peut reconnaître au premier rang, accroupis devant la barrière et de gauche à droite :

Jacques ou Jean LECRON, Fernand WERION, Lionel GUÉRIN, Joseph BEAUVAL / Francis HANNEQUART,
Et au second rang, debout derrière la barrière douanière :
Donald GOBLED / Claude HERMANT / Daniel DE WAGENIER, Claude NOLET / Michel JAMAIT (fr) / Mathieu BENONI, / ? / Freddy MATHIEU.

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Le Home Camille Joset.

Camille JOSET Pendant les quatre années qu'a duré la guerre de 1914 à 1918, Bersillies vécut, comme bien d'autres communes de Belgique, dans les souffrances, les privations, et l'incertitude du lendemain. A la fin du conflit elle compta ses morts et parmi ceux-ci se trouvaient des combattants, des résistants et aussi des déportés que les allemands recrutaient de force et condamnaient au travail obligatoire dans leurs usines en Allemagne. Certains ne revinrent pas dans leur famille. Le Monument Qui pouvait croire qu'après cette première guerre mondiale dont on disait qu'elle était la dernière, un nouveau conflit allait voir notre pays replonger dans cette spirale infernale. Sauvé miraculeusement deux fois du poteau d'exécution, en 1915 et en 1944, Camille Joset, sorti meurtri et paralysé de ses geôles nazies, symbolise la résistance dans ce qu'elle a de plus généreux et de plus désintéressé. Fondateur et président du Mouvement National Belge, reconnu unanimement par tous les anciens combattants et résistants des deux guerres, il mit toute l'énergie dont il disposait encore pour venir en aide aux enfants orphelins des deux guerres. Il avait acquis une propriété sur les hauteurs de Bersillies-l'Abbaye et projeta d'en faire don à une association composée d'anciens résistants et dont le but était de venir en aide aux orphelins et aux familles des résistants rescapés des bagnes nazis.

Le Home Camille JOSET

Quand on se rappelle que la seconde guerre mondiale prit fin le 7 mai 1945 à 2 heures 45 au quartier général d'Eisenhower et le 8 mai à Berlin au quartier général du maréchal Joukov, on ne peut qu'admirer la rapidité avec laquelle on aménagea le Home Camille Joset qui fut inauguré en grande pompe le 22 août 1948 en présence d'une centaine d'invités prestigieux parmi lesquels on reconnut le Colonel de Fraiteur, Ministre de la défense, des députés, de nombreux résistants et anciens prisonniers politiques, les autorités communales dont le Bourgmestre de Bersillies, Monsieur René Guérin, et celui de Bousignies-sur-roc. Les discours Le salut aux morts

Devant le monuments aux morts, après une sonnerie au champ d'honneur, on chanta "la brabançonne", mais aussi "la marseillaise".

La sortie de l'église
Il y eut ensuite une grand-messe solennelle concélébrée à l'église par l'abbé Laboulle, grand résistant, et le curé de Bersillies l'abbé Frisque. A l'issue de la cérémonie, un vin d'honneur fut servi au salon communal, suivi d'un banquet dans la salle à manger du Home au cours duquel fut prononcé les discours. La visite des lieux termina les festivités du jour. Le réfectoire Le dortoir

Le home comprenait le bâtiment des adultes abritant les bureaux de la direction (M. Joseph Charlier) et de l'économat, la salle à manger, un bar, un entresol et deux étages équipés de salles de bain et de chambres à coucher; le bâtiment des enfants comprenant un immense dortoir, des cabinets de toilettes et douches, l'infirmerie, les cuisines et le réfectoire très ensoleillé. Et pour faire fontionner tout cela, un personnel que l'on voit ici sur le porche de la villa.

le personnel du home.


Après les repas nous retrouvons sur ce cliché, tous les enfants réunis pour la sieste dans un décor champêtre

La sieste an chaises longues dans le jardin

Les enfants à la sieste en chaise longue dans la plaine de jeu.

A ces installations s'ajoutaient une vaste plaine de jeux, un grand jardin d'agrément équipé de chaises longues, un potager, un verger et une source d'eau aux propriétés curatives remarquable ainsi qu'un grand garage. Sa capacité d'hébergement était considérable puisque au cours de la première année 130 orphelins ont pu y être hébergés, chacun pendant un séjour d'un mois.

Peu à peu, le home se transforma en colonie de vacance permettant à de nombreux enfants de bénéficier de l'air ur de la campagne et d'emmagasiner une bonne dose de vitamines et de santé.
Malheureusement son activité de centre de vacance prit fin vers les années 1980 et la propriété, à l'abandon, retourna dans le domaine privé. Il n'en reste pas moins que le rêve admirable qui le fit naître dès la fin de la deuxième guerre mondiale a donné à Bersillies l'Abbaye une dimension sociale de grande envergure.

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1977 : La fusion des communes.

Au premier coup d'œil sur la carte des communes fusionnées, on s'aperçoit que les communes de Grand-Reng et de Bersillies-l'Abbaye sont non seulement très excentriques par rapport à l'ensemble et surtout, que ces communes sont celles qui présentent la plus grande frontière avec la France. Il ne fallait donc pas s'attendre à beaucoup d'homogénéité dans ce complexe.

L'entité communale après la fusion.

Dès le départ, en septembre 1976, la presse soulignait cette disparité : " Le grand Erquelinnes apparaît comme un rapprochement un peu forcé certes, mais qui n'est pas sans avenir. Avec Montignies-Saint-Christophe, commune agricole à l'attrait touristique certain, Solre-sur-Sambre en pleine santé, Bersillies-l'Abbaye où le folklore prend encore le pas sur les moyens de distractions modernes, Hantes-Wihéries qui craint d'être oubliée, Grand-Reng qui allait à la fusion le couteau dans le dos, et Erquelinnes qui se prend pour la grande muette, le cocktail ne manque pas de piquant ni de saveur ".

Le ton était donc donné d'emblée et la pièce jouée à bureaux fermés. Bersillies-l'Abbaye n'avait plus qu'à jouer les intermèdes et c'est bien ce qui se passa, mais ceci est une autre histoire… Quoiqu'il en soit, il faut bien constater que Crésus, son commerce et sa fortune auront toujours le dernier mot et, bien que l'histoire montre le peu de relations qui ont jamais existé entre Bersillies et Erquelinnes, l'une de culture française depuis son appartenance à l'héritage d'Aldegonde au VIIe siècle et l'autre, de culture principautaire, placée depuis le XIIe siècle sous l'autorité des Princes de Liège. Et dans cette entité communale nouvelle, Bersillies-l'Abbaye compte bien jouer un rôle plus actif et entreprenant que celui d'amuseur plublique. Elle l'a déjà montré à plusieurs reprises quand il a fallu se débarasser d'une fabrique de goudron et d'un dépôt malodorant de mazout à usage de tarmac (Enromac) ou contre le projet de convertir le site de la carrière en déchetterie, tous deux à l'entrée du village sur la route de Solre-sur-Sambre.

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Les Robinsons de Bersillies.

Le moins que l'on puisse dire, est qu'il avait bien plu ce 13 décembre 1993 et aussi le 14, et le 15. Bref, on voit apparaître dans la presse un titre bien évocateur :" Depuis lundi, chacun des 667 habitants de Bersillies-l'Abbaye se sent l'âme d'un Robinson Crusoë ".

La Thure est en colère et dans sa rage, elle emporte le pont de la route des carrières, et avec lui le cordon ombilical qui relie Bersillies-l'Abbaye à la route nationale et donc aussi à Erquelinnes. Il n'en fallut pas moins pour que l'armée, mobilisée pour la circonstance, jette une passerelle provisoire sur le torrent.


Bersillies insulaire.


Voilà comment les " Robinsons " de Bersillies, tel Moïse, ont été sauvés des eaux !
Est-ce un hasard si cela s'est passé un vendredi ?

Quand la Thure est en crue, elle se fache et redevient sauvage. On peut facilement imaginer le spectacle qu'elle pouvait offrir aux villageois avant qu'elle ne soit canalisée! La Thure en crue.
Aujourd'hui il semble que les autotités françaises et belges accordent davantage leurs interventions en régulant son débit. La Thure en crue.

La Thure en crue.

A la vue de ces quelques clichés, on peut se rendre compte des dégats qu'un telle furie pouvait naguère occasionner au niveau de la place de l'Abbaye et on peut comprendre les nombreuses dificultés qu'il aura fallut surmonter pour tracer une route varrossable et même une voie ferrée. Il a fallut redresser le cours de la rivière à plusieurs reprises. Ces images nous montrent aussi à leur façon pourquoi les voies d'accès au village prenaient autrefois un tracé très différent, évitant la vallée régulièrement inniondée, et n'hésitant pas à gravir la colline du bois de Bersillies.

fin.


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