Deuxième partie : Bersillies dans le comté de Hainaut.
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*Conclusions*
Ce n’est qu’à partir de la fin du Vème siècle qu’apparaissent les premiers gouverneurs de " pagi " du Hainaut. Le premier fut Albéric,
fils aîné de Clodion de Cambrai, qui s’installe à Mons, " entouré d’épaisses forêts et inaccessible à ses ennemis ".
Depuis les rives de l’Escaut et de la Sambre, s’étendait une forêt de chênes, de hêtres, parfois entrecoupée de futaies d’ormes et de charmes qui donna
à la région le nom romain " Saltus carbonaris " ou " Hanagavensis comitatus "et le nom germain de " Haguenau ",
pays des bois. C’est peut être cette dernière appellation qui fut conservée sous de multiples noms tels que Hannonia, Hagnensis, Hainonia, Hainoensis,
Henau, Haynnau, Haynaut puis Hainaut.
Albéric séjourna à Mons pendant 30 années, de 461 à 491, et manifesta quelques oppositions à l'autorité des premiers rois francs, Mérovée, Chidéric et
Clothaire 1er.
(Cet organigramme est repris de A.Jennepin, Bilbl. N° 23)
"Bertille était une "Dame ornée de grandes perfections, d'où réussit un mariage si accompli qu'il semble que le ciel y voulant contribuer ait versé sur eux toutes les grâces et avantages qu'on eut pu désirer en ces deux personnes: car si d'un côté notre prince porte sur le front ce bel éloge d'être rempli de vertus (virtutibus plenus), disait l'auteur de sa vie, on soulignait aussi les qualités de son âme généreuse rayonnant avec éclat sur les autres princes de son temps: Walbertus galliarum excellentissimus princeps, disait le duc de Guise.Et toutes ces perfections recevaient encore un lustre particulier car elles étaient associées aux vertus royales de sa chère épouse, Bertille". (Bibl. n°33, p.79))
De ce mariage, naquit au château de Cousolre en 612, sainte WAUDRU, "fruit vraiment digne d'un tel arbre et qui, par le rayonnement
de ses vertus, éclairera le Hainaut tout entier. La fermeté de sa foi faisait l'effet d'un boulevard: "fides instar vialli firma" écrivait
à l'époque un certain Pontus Heuterus. On dirait aujourd'hui qu'elle était un autoroute de la sainteté! L'auteur des "Annales d'Haynau"
(Bibl. n°33))
précise d'ailleurs que ce fut sa grande foi qui lui servit de rempart pour tenir tête à toutes les embûches et les assauts de ses ennemis.
A 18 ans, en 630, elle épousa MAGDELAIRE, Seigneur à la cour du roi Dagobert, dont elle eut quatre enfants vivants: Dentelin, mort en
bas âge, Landri (+692) qui devint évêque de Metz et de Meaux, Adeltrude et Madelberte, élevées par leur tante Aldegonde qui les fit entrer au monastère
de Maubeuge, dont elles furent chacune à leur tour nommées abbesse. Formée en philosophie par Saint Amand, Waudru fonda, après la séparation volontaire
de son mari, le Collège des Chanoinesses à Mons.
C'est vers cette époque que Saint Amand, venant de l'Aquitaine, arrive dans nos régions de la Scarpe et de l'Escaut, pour évangéliser les païens du Nord
de la Gaule. Il fonde en 636 à Gand un des premiers monastères de Belgique. Sur son conseil, Itte, veuve de Pépin 1er de Landen, fonde l'abbaye de
Nivelles en 648 et y installe sa fille, Sainte Gertrude, qui en devint la première abbesse.
Sainte Aldegonde naquit à Cousolre en 630, soit 18 ans après sa sœur Waudru. Dès son jeune âge elle marqua son entourage par sa gentillesse, son intelligence
et sa grâce. Son père fit appel à un moine de l’abbaye de Nivelles, appelé Sobin, renommé par sa science et sa sainteté, pour parfaire son éducation.
A l’âge de 12 ans, on la considérait comme une des demoiselles les plus accomplies du royaume. Quand elle fut en âge de se marier, elle refusa le parti
proposé par ses parents et, avec l’aide de Ste Waudru son aînée de 18 ans, elle décida de se retirer du monde et de se consacrer totalement à Dieu.
Elle revint donc à Cousolre où elle bâtit un petit oratoire dans la partie la plus épaisse de la forêt où elle demeura avec l’assentiment de ses parents. A la mort de ceux-ci, elle revint habiter quelque temps Cousolre pour ensuite s’installer dans un endroit qu’elle appela Malbodium et qui devint Maubeuge Elle y fonda en 661, avec les biens que lui laissèrent ses parents, un double monastère bénédictin pour femmes et pour hommes. Elle était abbesse du premier dans lequel de nombreuses femmes et filles de grande naissance vinrent se fixer.
Certains historiens lient la création de ces monastères à l’origine de la ville de Maubeuge en se basant notamment sur les termes du testament de
Sainte Aldegonde, dans lequel elle donne à son monastère :
«… premièrement le villaige où le monastère est basti, avec toutes ses appendances ; lequel villaige s’appelle Maubeuge, situé dans le district de Hainaut. »
A la rue Sainte Aldegonde de Cousolre, dans la maison dite natale de la Sainte on peut découvrir un escalier en colimaçon menant à des locaux souterrains
dans lesquels se trouve une veine d'argile.Des pèlerins viennent gratter cette terre pour l'appliquer sur leurs zones douloureuses.
Il semble que le rayonnement de ce culte ait été très vivace dans la région. De nombreux phénomènes paranormaux ont été largement décrits dans les
différentes biographies de la Sainte.
"Quoi qu'il en soit" , écrit M Jean Heuclin dans une brochure consacrée à l'histoire de la sainte, "il faut bien constater que cette femme de caractère,
animée d'un profond idéal de justice et de paix donne encore, plus de treize siècles après sa mort une formidable et éternelle leçon d'amour et de liberté".
Le monastère de Maubeuge fut plus tard occupé par un Chapitre de chanoinesses issues de la noblesse qui exerça jusqu’à la révolution française de 1789 une très
forte emprise sur les villages avoisinants. Pillée puis convertie en ambulance, cette abbaye fut finalement démolie en 1802.
La dernière abbesse fut Florence de Lannoy, déportée à Soissons et morte dans sa famille vers 1806.
(Bibl. n°30, p.26)
Le village de Bersillies est cité, semble-t-il pour la première fois, dans le testament de sainte Aldegonde écrit au VIIe siècle. L’original de ce
document existait encore en 1788, époque à laquelle les chanoinesses du couvent de Maubeuge ont été amenées, à la suite d’un procès, à le produire au
parlement de Douai. Malheureusement, depuis la suppression du chapitre, il n’a pu être retrouvé.
(Bibl. n°23).
La traduction de ce document d’après une copie en latin, certifiée véritable par les hommes de fiefs et datée du 14 septembre 1620 a été publiée par
A. Estienne en 1837 dans son ouvrage "Vie admirable de la très illustre princesse sainte Aldegonde" et repris également par Alfred Jennepin dans
sa "Notice historique sur la commune de Cousolre" (Bibl. n°23).
Bersillies est mentionné dans le polyptyque de l’abbé Irminon ou « Dénombrement des manses, des serfs et des revenus de l’abbaye de St Germain des Prés »
commencé sous le règne de Charlemagne dans les années 800.
Le père POTTIER, prêtre montois, historien et hagiographe du XVIIème siècle, auteur de la vie de Saint Walbert, dit que :
« ce puissant leude austrasien, lorsqu'il résidait dans son palais de Cousolre, fit construire à Bersillies une chapelle consacrée à Jésus crucifié, objet particulier de son culte. Cette chapelle était placée sous la garde de personnel chargé du culte dans son palais de Cousolre. A côté de cette chapelle il érigea une demeure pour quelques-uns des cavaliers de saint Antoine qu'il avait fixés autour de lui, dans ses différentes terres de Colleret, Grandrieu, Marcigny, Reugnies et Comagne (Bousignies) et dont la mission consistait à veiller à la sécurité du Château de Cousolre ». (Bibl. n°3 et22, p.99)
Bersillies-l’Abbaye s'écrivait au VIIe siècle "Bersiscias". Dans le polyptyque d'Irminon, ce village prend le nom de
"Bergeseis", puis de "Berchillies" en 1186, "Berselie labie" sur le sceau du village et enfin
"Berselies-l'abbaye" puis "Berselies-l'abbaye" sur la carte de Frickx en 1706 et d'autres écritures, variantes
phonétiques, dans différents textes nous conduisent naturellement à la terminologie actuelle de Bersillies-l'Abbaye.
Plusieurs étymologies sont proposées : l'origine pourrait être "bersa" donnant "bersarius" (chasseur, gardien de forêts); il faut noter que Berseleoe,
Berzelioe désignent des abris utilisés par ces chasseurs.
Une autre étymologie proposée par M. Piérard donne les termes de "Bersée" (enclos) et "ly" (champ) donnant le mot composé Champ de l'enclos.
Le complément 'l'Abbaye" ajouté plus tardivement permet de le distinguer d'un autre Bersillies-lez-Mairieux, village du canton de Maubeuge situé
à quelque 10 kilomètres à vol d'oiseau dans la direction N-O.
Fragment repris d’une "Carte du Haynaut" par le Sr Sanson, géographe Ordinaire du Roy à Amsterdam chez Pierre Schenk avec privilège de nos Seigneurs les Etats de Hollande et de Westende. (dessinée vers 1600).
On retrouve donc à l’origine de Bersillies, au VIIème siècle, trois éléments :
Cette abbaye bénédictine de Denain, d’abord consacrée à la Ste Vierge, le fut ensuite à Sainte Renfroie, deuxième abbesse et fille de ses fondateurs, Saint Aldebert et Sainte Reine. Occupée par des bénédictines, puis par des chanoinesses avec le titre de « Comtesse d’Ostrevant », elle fut rendue aux Filles de saint Benoît en 1029 par l’évêque de Cambrai.(Bibl. n°30, TOME I, p.38 Philippe Brasseur, dans son ouvrage intitulé : «Origines omnium Hannoniae coenobiorum» est le premier qui parle de cette fondation. Il assure en tenir la preuve d'anciens manuscrits qu'il a recueillis, et d'une tradition encore vivante de son temps à Bersillies. L'emplacement du monastère était, prétend-on, près de l'église paroissiale, dans un terrain qui a toujours porté le nom de Sainte Rainfroie, fille aînée du comte Aldebert d’Ostrevant et de la comtesse Reine,première abbesse de Denain. Le Besogné précise que les traces de cette abbaye se voyaient encore en 1608 sur le fief Philippe Mosnier et que des vieux titres conservés dans le ferme échevinal en faisaient mention. II décrit en effet de la manière suivante le souvenir de ce premier cloître :
Il n'y a présentement au dit Berseillies-l'Abbaye, cloistre ny prioré, mais bien, ont entendu les mayeur, eschevins et mannants de leur prédécesseurs, que cy-devant y avoit une abbaye des Dames appelée Sainte Renfroye, selon que les marques de leur maison qui estoit assise sur le fief Philippe Mosnier et plusieurs vieux titres estant au ferme du dit Berceillies le manifestent et en font mention; lesquelles Dames, les dis Mayeur et Eschevins croyent s'estre retirées en l'Abbaye de Denain par delà la ville de Valencienne.
Il est intéressant de constater que tous ces témoignages finissent par se recouper et qu’en rétablissant leur chronologie on peut penser que dans
un premier temps les époux Aldebert et Reine d’Ostrevant installèrent leur fille Renfroye à Bersillies dans un monastère placé sous l’autorité
du Chapitre de Maubeuge et fondèrent ensuite le monastère de Denain dont Sainte Reine fut la première abbesse. A sa mort, Sainte Renfroye quitta
vraisemblablement Bersillies pour prendre la succession de sa mère à Denain. (Bibl. n°30, tome I, p.38).
A cette époque, la génération des moniales formées par Aldegonde et ses nièces disparut et les archives révèlent une “éclipse” dans la direction
du Chapitre entre 705 et 925 . (Bibl. n°17, p.19). Cette interprétation ne constitue néanmoins qu’une hypothèse à l’heure actuelle.
La succession de Clovis vit la naissance de l'Austrasie et de la Neustrie qui, au gré de partages, de multiples meurtres, de successions hasardeuses furent séparées, réunies, déchirées et finalement regroupées sous Charlemagne, en 771, qui finit par régner seul sur son empire carolingien. Il combat d'abord en Allemagne contre les Saxons, ensuite en Italie où il sauve le pape Adrien des Lombards qui l'assiègent, enfin en Espagne à Saragosse, Pampelune et Barcelone. A son retour, les Gascons tendent une embuscade à son arrière-garde dans les Pyrénées et tuent Roland à Roncevaux.
Un écrivain de l'époque décrit de la manière suivante la technique d'évangélisation de Charlemagne:
Les lois du prince contre ces infortunés étaient bien peu conformes à l'esprit de l'évangile puisqu'elles condamnaient à mort celui qui se cachait pour éviter le baptême ! Il fut à l'origine de la création de nombreuses écoles dans les monastères et parmi celles-ci on peut épingler celle qu'il créa dans l'abbaye de Lobbes et qui eut une certaine célébrité. On y enseignait la grammaire, l'orthographe, la rhétorique et la dialectique. (Bibl. n°6, tome 1. Il se fit proclamer Empereur d'Occident par le pape Léon III à Rome le 25 décembre de l'an 800. Il meurt de pleurésie le 28 janvier 814 à l'âge de 71 ans, après 47 ans de règne et 14 ans de son empire et fut inhumé dans l'église d'Aix-la-Chapelle."O bénignité de Dieu! qui leur avait donné pour docteur et maître l'illustre Charles, lequel forçait, les armes à la main, ceux qu'il ne pouvait dompter par la raison et les contraignait ainsi à se sauver malgré eux" (Bibl. n°14,entretien XIV)
César, le vainqueur des Gaules, avait jeté les fondements d'un empire; Charlemagne en marqua inexorablement le terme. En effet, à sa mort en 814, seul Louis 1er, dit le pieux, est encore vivant et règne sur son héritage. A sa mort, son royaume est divisé en trois parties au Traité de Verdun en 843 : le Royaume de Germanie ou Francie orientale, le Royaume de France ou Francie occidentale et le Royaume de Lothaire ou Lotharingie regroupant les Pays-Bas, la Belgique, la Lorraine, la Bourgogne. Dans ce pays, l'Artois, la Flandre, la Picardie et une partie de la Bourgogne sont confiées aux comtes de Flandre (Baudouin I, II, III, IV, V, VI ...).
A la fin de la période carolingienne (IXe siècle) le Hainaut est érigé en comté rattaché à l’Empire germanique au Xe siècle. Le comté de Valenciennes, avec Mons pour capitale, passa au Hainaut sous BAUDOUIN V.Les villes principales du Hainaut de cette époque sont Mons, Valenciennes, Avesnes, Bouchain, Le Quesnoy, Landrecies, Trélon, Solre-le-Château, Condé, Bavay, Maubeuge et Berlaymont. Sur le plan religieux le Hainaut fait partie du Diocèse de Cambrai comprenant le Cambrésis, le Hainaut, tout le Brabant et le pays d'Anvers.A la mort de son père, Baudouin V de Lille, comte de Flandre de 1036-1067, le comte de Flandre, Baudouin VI (1067-1071) réunit par son mariage avec Richilde de Hainaut (1050 – 1087), les deux comtés et gouverna ceux-ci sous le nom de Baudouin I de Hainaut.
" Jamais, durant son trop court règne, écrit l’historien du Hainaut Jacques de Guise, il ne prit les armes. Il ordonna que ses baillis portassent dans ses seigneuries une verge droite et longue, de couleur blanche, en signe de justice et de clémence "Avant de mourir, il confia le gouvernement du Hainaut à son fils Baudouin II, sous la tutelle de sa mère Richilde. Celle-ci, d’origine wallonne, se mit très rapidement tous les flamands à dos, et la rupture avec le comté de Flandre se concrétisa à la bataille de Cassel où Robert le Frison, fils aîné de Baudouin V de Lille, conquit la Flandre au fil de son épée. Richilde cherche alors des protections et inféode le comté de Hainaut à la principauté épiscopale de Liège le 11 mai 1071. Cet acte mentionne les villes de Mons, Beaumont et Valenciennes.
En 1433, Philippe III le bon, duc de Bourgogne, finit par acquérir, après bien des déboires avec Jacqueline de Bavière,
comtesse de Hainaut, les territoires de Hollande et de Zélande ainsi que le Hainaut, dont Beaumont, et en 1435, par le traité d’Arras, il reçoit de Charles
VII la Picardie.
C’est en 1453 qu’il céda le pays de Beaumont à Antoine de Croÿ, qui était non seulement son chambellan mais également
un de ses principaux conseillers et qui fut aussi un des premiers chevaliers de la Toison d’or.
Il faut noter cependant que n’en faisaient pas partie les villages de Thirimont, Leval, Bersillies-l’Abbaye, la moitié de Grand-Reng, Chaudeville et Rance. Les quatre premiers villages n’avaient en effet aucun lien historique avec Beaumont. Ayant appartenu au XVe siècle à Jean de Bavière, évêque de Liège, ils portaient l’appellation de " Les Terres de Bavière ". Ce n’est qu’en 1519 que, par achat, Leval, Thirimont et Bersillies-l’Abbaye furent intégrés dans la Seigneurie de Beaumont, ainsi qu’une partie de Grand-Reng en 1564.
"retour au menu"En 1477, Marie de Bourgogne, fille de Charles le Téméraire, épouse Maximilien Ier d'Autriche: la Flandre et le Hainaut passent ainsi aux Habsbourg d'Autriche, puis, en 1555 avec les provinces méridionales des Pays-Bas, sous régime espagnol avec le fils de Charles Quint, Philippe II. En son honneur, la ville de Philippeville fut créée. A la suite des guerres européennes de Louis XIV, le traité des Pyrénées (en 1659) annexe à la France le pays de Landrecies, du Quesnoy, d’Avesnes, Mariembourg et Philippeville. A la mort de Philippe IV d’Espagne en 1665, Louis XIV revendique, au nom de sa femme, Marie Thérèse d’Autriche, fille de Philippe IV, les Pays Bas. Comme on lui refuse cette succession, il envoie Turenne conquérir Charleroi, Tournai, Courtrai, Furnes, Douai et Lille, et ensuite Vauban qui transformera Charleroi en ville fortifiée. Les conquêtes de Louis XIV sont tellement éparpillées qu’il écrira au Roi une lettre célèbre, dans laquelle il écrit notamment :
" … sérieusement, Monseigneur Le Roy devrait un peu songer à faire son " pré-carré " . Cette confusion de places, amies, ennemies, peslemeslées, les unes parmi les autres, ne me plaît point. Vous êtes obligés d’en entretenir trois pour une. Les peuples en sont tourmentés, vos dépenses de beaucoup augmentées, et vos forces de beaucoup diminuées. " Vauban, le 4 octobre 1675.
Le traité de Nimègue (en 1678) donne à la France tout le Hainaut français actuel.
Si Bersillies-l’Abbaye faisait partie, dans le comté de Hainaut, de la Seigneurie de Beaumont à cette époque, le village ressortissait sur le plan fiscal et administratif de la Prévôté de Maubeuge depuis le Testament d’Aldegonde.
Le Traité de Rijswijk (20 septembre 1697) qui met fin aux tendances impérialistes de Louis XIV fixe provisoirement les frontières dans notre région : 6 villages dépendant de la Prévôté de Maubeuge sont cédés à l'Espagne; ce sont Thirimont, Bersillies-l’Abbaye, Montignies-St-Christophe, Hantes, Neuville-sur-Sambre, et Leval sous Beaumont qui passent sous la Prévôté de Beaumont.
Il faut noter qu'à la même date, trois villages dépendant de Beaumont sont cédés à la Prévôté de Maubeuge sous régime français; ce sont Beaufort, Fiers-le-grand (Ferrière-la-grande) et Roussies. L’accord est rédigé en ces termes :
"Louis, par la grâce de Dieu, roi de France et de Navarre, à tous ceux qui ces lettres, verront, salut. Comme par le traité conclu, arrêté et signé en notre nom et en celui de feu notre très cher et très aimé frère, le roi catholique, par nos commissaires et les siens en la ville de Lille le 3 Décembre 1699, en exécution du traité de Rijswijck, nous avons cédé et transporté à toujours à notre dit frère, six villages qui étaient dépendants de la Prévôté de Maubeuge; savoir: Thirimont, Bersillies-l’Abbaye, le Val-sous-Beaumont, Montignies-Saint-Christophe, Hantes et Neuville sur Sambre, et que notre dit frère nous a, par le même traité, cédé et transporté trois autres villages qui dépendaient de la Prévôté de Beaumont; savoir: Beaufort, Fiers-le-Grand et Roussies ..."
Donné à Versailles le 29e jour du mois de janvier, en l'an de grâce 1704, de notre règne, le 61e.
signé: Louis.
En résumé et en ne retenant que les grandes étapes, le comté de Hainaut, de 880 (Traité de Ribemont) au Traité des Pyrénées en 1659, fit partie du Saint Empire germanique, en passant successivement sous l'autorité des maisons d'Avesnes (en 1246), de Bavière du temps de Jacqueline de Bavière, de Bourgogne (de 1433 à 1482), d'Autriche (de 1482 à 1555) , des Habsbourg d'Espagne (de 1555 à 1715) et ensuite des Habsbourg d'Autriche (de 1715 à 1792).
Notre région fut ensuite envahie à l'époque de la terreur par les troupes des conventionnels français. La victoire de Fleurus le 26 juin 1794 nous annexa à la France. Cette période française se termina à la bataille de Waterloo le 18 juin 1815 et, par le Traité de Vienne (1815) qui confia la Belgique et la Hollande réunies dans le royaume de Néerlande, à l'autorité de Guillaume d'Orange-Nassau.:
De cette dernière époque, date cette borne-frontière installée à Bersillies-l'Abbaye au fond de la rue Reine Elisabeth, à l'orée du bois. Elle portait la date de 1819 et la lettre "N" , souvent prise par erreur pour le sigle de l'empereur français, signalait simplement les limites de la Néerlande. Aujourd'hui, ces inscriptions ne sont malheureusement plus visibles. La borne a été malencontreusement brisée par un engin agricole ou routier encombrant. On en retrouve encore un autre exemplaire intact du côté gauche de la route allant de Gérard-Croix à la ferme de la Masure. On peut lire sur une face la lettre "N", en face la lettre 'F" et latéralement la date de 1819 très apparente.