Cinquième partie : Bersillies au XIXème Siècle.
*Accueil*
*Faisons connaissance*
*Plan du site* *Première partie*
*Deuxième partie* *Troisième partie*
*Quatrième partie* *Cinquième partie*
*Sixième partie* *La Thure et son Abbaye*
*Les classes gardiennes et primaires*
*Quelques instantanés du XXe siècle*
*Bibliographie*
*Quelques annexes utiles*
*Conclusions*
Le pays se remet à peine des journées terrifiantes qui mirent pratiquement hors d'usage les
routes avoisinantes.
En principe sur le plan de Ferraris datant de 1776 ne figure pas encore l'église néo-classique dont
la construction date des années 1777-1778. L'analyse détaillée de cette carte montre de nombreuses
omissions. Le plan Popp qui suit, datant de la moitié du XIXe siècle, est beaucoup plus précis et
met mieux en évidence l'évolution des voies de communications du village.
De 1789 à 1804, toutes ces routes devinrent impraticables après l'occupation française: les convois
militaires les avaient profondément détériorées. Elles ressemblaient à "un terrain labouré qu'il
était impossible de pratiquer et jonché de débris de chariots fracassés."
De plus, l'hiver 1794 -1795 fut extrêmement rigoureux, particulièrement du 17 décembre 1794 à février
1795, période pendant laquelle la température minimum atteignait -16°. Le brusque dégel emporta ce qui
restait des chemins et des ponts.
Après 1795, le manque de fonds dû à la guerre ne permit pas de restaurer ces routes et en 1796 la
situation était lamentable: "les voies publiques sont dans un état de délabrement tel que les
premières pluies les ont bientôt converties en terres labourées...", notaient les historiens de
l'époque.
Connaissant la topographie du village dont peu de chemins étaient empierrés et qui subissait
régulièrement les variations brusques du débit de la Thure inondant sans relâche les terres
avoisinantes, il est facile d'imaginer le bourbier permanent que devait offrir le paysage.
Cette situation perdura jusqu'en 1804, date à laquelle on assiste, sous l'autorité impériale française,
à un renouveau routier et notamment au niveau de la route Chimay-Mons.
Les villages de Givry, Harmignies, Aubreux et de nombreux bourgs disséminés sur le parcours de cette
route prirent l'engagement de transporter à leurs frais les matériaux nécessaires à sa construction.
C'est dire dans quel état elle devait se trouver !
C'est à cette époque également que nous changeons de diocèse : le département de Jemappes dont nous dépendons est placé sous l'autorité de l'évêque de Tournai et le 21 mars 1804 le pays adopte le code napoléon qui va changer très profondément le mode de vie des belges.
Mais l'engouement pour Napoléon s'effrite. Ses campagnes militaires successives refroidissent l'enthousiasme des belges qui s'y sont cependant fait souvent remarquer. Après la désastreuse campagne de Russie en 1812, la grogne s'installe et la misère avec elle. Car si l'extraction du charbon est en pleine extension en partie grâce au débouché que représente la France et le développement des moyens de communication, un décret de 1813 fixe à 10 ans l'âge limite d'admission des enfants dans les mines ! Une vague de rébellion se propage, le bruit court d'un regroupement de la Belgique et des Pays-Bas. En décembre, on annonce le franchissement du Rhin par des troupes prussiennes, les brabançons sont poussés à la révolte, et en février 1814 les Chefs d'état-major alliés, prussiens, hollandais et russes sont à Louvain, Guillaume d'Orange est à Bruxelles. Les armées alliées sont à Paris fin mars, et le 11 avril 1814, le sénat français, qui a voté sa déchéance, force Napoléon à abdiquer et l'exile à l'île d'Elbe.
Les puissances alliées réorganisent l'Europe, créent un royaume des Pays-Bas qu'elles confient à Guillaume d'Orange qui veut imposer la liberté de culte et sa langue (la "landstaal") aux bourgeoisies flamandes francisées et au clergé catholique très influent à l'époque.
Mais Bersillies-l'Abbaye reste français !
En effet, le premier Traité de Paris, conclu le 30 mai 1814, réduit la France à ses
frontières de 1792, mais elle conserve le département de Jemappes avec les cantons de Dour,
Merbes-le-Château, Beaumont et Chimay !
Voilà pourquoi un an plus tard, le 14 juin 1815, Bersillies subit une fois de plus le
passage des troupes françaises remontant vers le nord.
Ce soir-là, venant d'Avesnes, Napoléon loge au château des Caraman-Chimay sur la place à
Beaumont.
Il est accompagné de ses troupes estimées à 112.000 hommes répartis en 4 corps d'armée,
et de tout le matériel lourd d'une armée en campagne dans lequel on dénombre environ 130
canons.
Le temps est à l'orage, des pluies torrentielles ont rendu les chemins presque impraticables
mais le départ de ces 4 corps d'armée est donné à trois heures du matin. Ils vont se battre
victorieuement à Ligny, puis à Waterloo. Ils ne savent pas encore que les débris de cette
grande armée dont un tiers des hommes restera sur le terrain dans la plaine de Waterloo,
repasseront par la même route quatre jours plus tard.
Par le second Traité de Paris du 20 novembre 1815, réellement signé à Courtrai le 28 mars 1820, Bersillies est confiée à Guillaume d'Orange des Pays Bas et la dernière enclave autrichienne " Le Culot du Bois " située sur le territoire de Bersillies entre Bersillies-l'Abbaye et Bousignies-sur-Roc, en face de la ferme de la Masure, est remis à la France.
"retour au menu"A Bruxelles, alors que dans la salle de la Monnaie où le ténor Lafeuillade qui joue
le rôle de Masaniello dans la Muette de Portici, chante pour la première fois la Branbançonne,
arrivent depuis la principauté de Liège, Charles Rogier ( St
Quentin, 17/08/1800 - St Josse-ten-Noode, 27/05/1885), journaliste au journal liégeois
"Le Politique", originaire de Renlies, ses hommes en armes et ses trois canons.
Le liégeois, Charlier à la jambe de bois, mutilé et rescapé de la bataille
de Waterloo, s'est installé sur une barricade dressée sur la Place Royale à Bruxelles et
s'oppose avec quelques braves à l'armée du général Schuurmans confinée dans le parc de
Bruxelles.
Les principaux acteurs de l'indépendance de la Belgique sont aussi M. Louis De Potter, anticlérical notoire qui eut l'intelligence de prôner l'alliance des catholiques et des libéraux, le comte d'Oultremont, Mr A. Gendebien, rejoints ensuite par le baron Emmanuel Vanderlinden d'Hoogsvorst, Mr André-Edouard Jolly (officier de génie), le baron F. de Coppyn et J. Vanderlinden (avocats).
La troupe des "volontaires" placée sous le commandement de Juan Van Haelen est parvenue à maintenir l'ordre au milieu des combats dans Bruxelles, ce qui permit l'installation d'un premier gouvernement provisoire créé à la fin du mois de septembre 1830.
Dans celui-ci on trouve le baron Emmanuel Vanderlinden, Charles Rogier, le comte Félix de Mérode et aussi les avocats MM. Gendebien et Sylvain Van de Weyer.
(Biblio. 12, 18 et 28)>Malgré une dernière tentative visant à confier le pouvoir au prince d'Orange, le propre fils de Guillaume d'Orange-Nassau, la Belgique, qui avait opté constitutionnellement pour une monarchie parlementaire se mit à la recherche d'une famille royale et, après bien des tergiversations entre les rois de France et d'Angleterre, inaugura son légendaire art du compromis en plaçant sur son trône, le 4 juillet 1831, par 152 voix sur 196, le prince Léopold de Saxe-Cobourg-Gotha. Celui-ci prononça le premier serment de fidélité au pays et à la constitution du peuple belge le 21 juillet 1831. L'année suivante il épouse à Compiègne, Louise-Marie, fille du Roi de France, Louis Philippe. Le 24 juillet 1833 naissait au château de Laeken son héritier très attendu: Louis Philippe Léopold de Saxe-Cobourg-Gotha.
"retour au menu"Le Dictionnaire géographique de la Province du Hainaut rapporte qu'en 1833 la population de Bersillies comptait deux cent quatre-vingt-sept habitants, dont cent trente-sept du sexe masculin et cent cinquante du sexe féminin. Le nombre annuel de décès était de trois à six et celui des naissances de sept à huit. Un à deux mariages étaient célébrés chaque année. Il ajoute qu'en 1831, on y comptait trois cent cinquante-deux habitants , ce qui suppose une émigration proportionnellement importante d'un grand nombre d'habitants (-65) entre ces deux dates.
A cette époque on dénombrait soixante-six maisons construites en pierre et couvertes de paille une église et une école primaire. Mais le village est pauvre et si chaque ménage récolte suffisamment de légumes pour son usage personnel, les vergers n'offrent qu'un petit nombre de pommiers et de poiriers. Les coupes de bois sont importantes et généralement utilisées dans les constructions. Le chêne est l'espèce dominante à cet usage tandis que les futaies, les bouleaux et les charmes fournissent le bois de chauffage.
Contrairement à la situation décrite dans le besogné, le gibier est peu abondant, composé
presque essentiellement de lapins et quelques habitants exploitent un petit nombre de ruches.
Un rapport de cette époque (Biblio. n°31)>
signale qu'on ne
dépouille pas assez de fourrage pour nourrir les quelques 53 chevaux, 15 poulains, 80 bêtes à
cornes, 27 veaux, 23 porcs et environ 200 moutons.
Le sol est bien cultivé alors qu'on ne signale la présence que d'une seule ferme(?). Celle-ci, située au centre du village, à proximité de l'église a été construite en plusieurs étapes: le bâtiment principal, à droite dans la cour, servant d'habitation au maître du logis date de 1778 tandis que les dépendances et le porche sont de 1820.
Vers les années 1980, pour des raisons de sécurité la grange située à gauche du porche
a dû être rabaissée d'environ 2 mètres. Même si aujourd'hui elle a perdu sa vocation
d'exploitation agricole, elle a pu très heureusement conserver jusqu'à présent son
porche-pigeonnier si caractéristique qui rappelle, si besoin en était, le caractère
essentiellement rural du village.
Le moulin de Bersillies cité déjà dans le beogné (1608) s'est développé au XVIIIème
(bâtiment principal de ferme) et au XIXème sciècle (les granges)lors de son orientation
fermière, notamment sous la conduite de Isidore Martin et de son
épouse Aline Mahieu et ensuite celle de Isidore Martin, leur fils.
Cette ancienne carte postale montre l'état de la thure en aval du moulin qui se situe
derrière ce bloc de quelques petites et anciennes maisons de Bersillies.
Cette année (1833) voit se développer d'importants travaux de canalisation de la Sambre et la construction des écluses.
"retour au menu"Dans tous les villages de Wallonie, il est possible, en parlant avec les aînés, de découvrir certaines croyances qui parfois sont exprimées avec beaucoup de conviction. Bersillies n'échappe pas à la règle et comme tout village séparé par un élément naturel,
La règle veut qu'il y ait une alternance des décès de part et d'autre de la rivière, et qu'une accalmie ne peut survenir que si celle-ci est rompue. Cela permet de penser parfois à d'autres choses : un trésor par exemple. Alors que dans quelques villages de Belgique " la légende de la gatte d'or " resurgit régulièrement, Bersillies en a fait aussi une version adaptée au village. Mais quelle est donc cette légende qui court ainsi de Samson dans le namurois, à Château-Thierry, face à Waulsort, de Hauteroche dans la région de Dourbes au camp préhistorique d'Hastedon à Saint Servais, ou encore à Champion, à Wagnée… " La gatte d'or " est le nom d'un trésor mystérieux qui a la forme d'une chèvre et qui a généralement été enterré par les Sarrasins il y a plusieurs centaines d'années. Le trouver n'est point chose facile et, comme tous les trésors confiés à la terre, il est placé sous la garde du démon. Il n'est pas impossible cependant de tromper sa vigilance, et la tradition nous a donné quelques recettes.
.Il faut tout d'abord connaître l'endroit précis où gît le précieux magot. A Bersillies, ce serait dans le " sourdion ", là où il est interdit de circuler sous peine de se retrouver enlisé dans le marais, non loin du site actuel du captage. Ensuite, les recherches ne peuvent commencer qu'après le coucher de soleil, un soir de nouvelle lune, car le malin à l'ouïe fine. Dans certaines régions, seules les personnes nées " coiffées ", on dit aussi parfois "couronnée" ou "courronnée" ou qui ont vu le jour un dimanche matin pendant l'élévation à la grand messe, peuvent espérer entreprendre ces recherches avec quelque succès.
Le silence absolu est requis pendant la fouille qui s'effectuera uniquement à la lueur de bougies bénies le jour de la chandeleur"
Il paraît que la " gatte d'or " du Samson renaît chaque année à Noël, mais que jusqu'à
présent les plus intrépides chasseurs sont toujours rentrés bredouilles.
(Biblio. n°24)
"retour au menu"
"retour au début du chapitre"